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L'époque

  • Photo du rédacteur: Gabe
    Gabe
  • 2 janv. 2023
  • 1 min de lecture

J’ai erré dans mon époque

A marcher dans des villes touristiques qui balayaient leurs mendiant·es

dans les files d’attentes des restaurants les gens se ressemblaient toustes

et goûtaient les mêmes spécialités cuisinées à la chaîne –


sans se poser de questions ?


on pouvait voir les enfants s’entasser et papillonner autour de leurs jambes

ce n’était pas toujours les leurs

mais dans leur quête d’attention iels réclamaient les mêmes choses

des gadgets, de la nourriture ou un peu d’argent

sous les néons des panneaux d’affichages

où posent des mannequins fines, dans des pièces de lingerie compliquées ;

je crois que la sortie du dernier smartphone a fait un mort/

à l’autre bout de la ville au même instant un immeuble a brûlé.


Je n’ai pas écouté les nouvelles aujourd’hui

je n’en ai pas pris non plus ;

le soleil au zénith miroite dans les vitrines des rues commerçantes

jusqu’à en effacer les prix dans les yeux des passant·es

et les chien·nes abandonné·es mangent les restes de volaille

de leurs sandwichs sanguinolents –

de quelle humeur sont-iels à l’abattoir ?

pour ne pas y penser, l’alcool engourdit-il assez ?

On m’a dit que c’était typiquement féminin

de ne voir que le mal partout,

qu’ailleurs encore la vie était bien pire

et que nos guerres étaient désarmées. Pour le reste de la consultation il fallait payer

– pour vivre aussi –

j’ai entouré ma bouche de mes mains devant l’hôtel de ville

je n’ai pas crié


que tous les musées du monde étaient dans ma mémoire

tous les sanglots au fond de ma gorge...

que j’ai dansé sur les routes d’une très longue histoire


racontée toujours par les mêmes

©2020 Gwenaëlle Anna B.

©photo Olivia Bee

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