Bleu

Bleu du ciel bleu d’azur Sous l’horizon bleu outremer

où se mirent à l’envi les envols des mouettes

rieuses, leurs traînées blanches à la fête

virevoltent dans les toges des muses printanières

Aux derniers scintillements ensommeillés du jour

l’étoffe d’eau salée prend des reflets lunaires

pierreries et cailloux se font dépositaires

des trésors lagunaires de leur coin de séjour

En guide pince-sans-rire des musées aquatiques

un tourteau empressé cavale dans la vase –

marée haute souligne par sa robe turquoise

les horaires d’ouverture, puisque c’est l’Atlantique !

Le labyrinthe d’algues des piquantes méduses

n’intimide que le pas du tout nouveau venu :

le plan tentaculaire de ce jeu saugrenu

prend pour point cardinal les ports de Syracuse

S’égrènent les bancs de sable sous les œuvres

d’une baleine apnéique aux toiles éphémères

l’exposition courue des « Produits de la mer »

est applaudie longtemps, à éreinter les pieuvres ;

Les écailles s’éclairent au seuil des profondeurs

minuit est au bal, quand le bal est tenu

sur le dos millénaire de l’illustre tortue

musicienne des mondes, des battements du chœur

Ici-bas, chaque sirène a sa complainte –

tel souhait enfantin psalmodié à la nuit

comme une invitation aux danses englouties

que prolongent deux êtres dans une même étreinte.