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La course

  • Photo du rédacteur: Gabe
    Gabe
  • 12 déc. 2023
  • 1 min de lecture

Un jour je me suis mise à courir et je n’ai plus arrêtée. Je courrais dans les rues et les escaliers, après le bus sans chercher à le prendre, au travail chaque fois qu’il fallait traverser l’énorme hangar de l’usine et quand un·e de mes ami·es et moi avions rendez-vous. Contrairement aux joggeures, je courrais pour aller quelque part ou après quelque chose, j’attendais des réponses sur le sens donner à mon existence à chaque fois que ma destination était atteinte et, quand l’effort déployé était si intense qu’il se mettait à m’étourdir, je croyais être sur le point de les saisir. J’avais cessé l’herbe et l’alcool, trop chers payés dans leurs redescentes. J’avais cessé de me mettre en rage et d’exulter et laisser quiconque toucher à mon intimité physique ou émotionnelle était définitivement exclu.

Je courrais sur la terre détrempée du quai Dormant quand mon pied gauche a glissé. J’ai roulé sur le côté pour me relever, mais je ne m’imaginais pas si près du rebord et je suis tombée dans l’eau. Glacée d’effroi par les profondeurs opaques et tumultueuses du fleuve, je me suis mise à nager.

©2020 Gwenaëlle Anna B.

©photo Olivia Bee

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