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L'enterrement

  • Photo du rédacteur: Gabe
    Gabe
  • 28 déc. 2022
  • 1 min de lecture

Nous n’étions pas très loquaces mon père et moi, encore moins l’un avec l’autre. Au téléphone il m’avait juste dit : Maman est morte/L’enterrement est samedi/Tu viens ? et j’avais confirmé. Je passais l’essentiel de mes journées à chercher du travail et à me ronger les sangs devant les chaînes d’informations en continu et ce voyage, en dehors du surplus de tristesse qu’il ajoutait à ma mélancolie initiale, n’aurait pas grande influence sur ces rituels quotidiens. J’en retenais seulement que mon cerveau était devenu un diagramme scindé entre divers degrés de culpabilité, d’ennui, de colère et de frustration. Je ne savais pas où situer le décès d’un·e proche dans cette rumination permanente. Je me suis contentée de réserver un covoiturage en évitant de penser aux membres de la famille que je n’avais pas vus depuis longtemps et qui questionneraient la vie que je menais, mon métier et mes amours. Dehors, il pleuvait. J’ai pensé comme ma mère savait si bien s’en ficher avec moi ou en être peinée avec moi et toute seule dans mon studio silencieux j’ai pleuré.

©2020 Gwenaëlle Anna B.

©photo Olivia Bee

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