Le confinement

En fait c’est simple tu passes ton temps à le compter, même si des fois tu sais plus ce que tu comptes au juste : les heures, les jours de la semaine.

Les mois.

Encore pour moi ça va, ça se compte en mois. Dix mois c’est pas des ans, c’est ce que je me répète au réveil à chaque fois (toujours brusquement, comme si je prenais une gifle ; toujours cinq minutes avant que la sonnerie retentisse) et le soir aussi, quand iels coupent la lumière pour le couvre-feu.

Lise m’a dit qu’iels allaient bientôt restreindre les visites au parloir. A cause de ce foutu virus qui sature nos télés sur toutes les chaînes. Sur le coup j’ai pas su si je voulais gueuler ou pleurer, alors j’ai jeté un coup d’œil à travers les barreaux de la fenêtre. Ce soir la lune était pleine.

Le présentateur parle de confinement. "Pour endiguer cette crise sanitaire inédite". En fermant les yeux bizarrement j’ai pensé que le pays entier comprendrait, maintenant.