La vaisselle

L’assiette s’est écrasée contre le mur de la cuisine, avant de s’effondrer sur le carrelage : une nébuleuse planétaire bigarrée mais Nour n’en a rien dit.

Avec ses pupilles dilatées à l’extrême par la lumière terne et jaunâtre de l’ampoule impassible, elle s’est contentée de regarder Léo longtemps, fixement, imaginant son élan s’y refléter en expansion, de plus en plus fatigué ou de plus en plus grand – Léo qui a brusquement manqué de courage, pour atomiser le reste de la vaisselle. Le fracas provoqué par l’explosion de la porcelaine continuait de battre dans ses oreilles comme un spectre douloureux, alors elle est simplement restée les bras ballants, les poings serrés impudiquement, frustrée de son propre refus d’entrer dans ce jeu-là.

Peut-être que Nour ne souhaitait pas le voir (elle s’est affairée à chercher les clés de sa voiture) ; peut-être qu’elle ne l’a pas réalisé.

Aux pieds de leurs non-dits, les bris de la vaisselle jetée luisaient.