Le baiser
- Gabe
- 28 déc. 2022
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Même ensemble, ils semblaient souvent désœuvrés – pourtant, leur fraternité était presque palpable et quand l’un d’eux sombrait un peu trop profondément, le reste du groupe était là pour intervenir, parfois simplement en organisant une soirée, à l’improviste : on entendait alors retentir sa chanson préférée dans la salle et j’étais interpellée d’un geste pour lui servir une bière ou un whisky-coca. Les autres s’attablaient autour de lui et sortaient un jeu de cartes puis, l’euphorie de l’alcool montant en eux, ils m’invitaient à esquisser un pas de danse avec le malheureux.
Je n’étais pas vraiment leur amie, je n’étais pas une étrangère non plus. J’étais une fille et, même si j’aimais danser, que j’enviais les liens qui les unissaient, c’était une différence qui formait un gouffre irréductible entre nous. Un soir dans la réserve, Karim m’a embrassé : un baiser volé, comme dans les films, alors que j’étais en train de parler. C’était mon premier baiser. Il m’a fallu des années pour me dire que je ne l’avais pas désiré.