Le coming-out

A défaut de posséder une barbe j’avais balbutié mon coming-out le visage emmitouflé dans mon écharpe. Autour de la table, la déclaration avait été accueillie toute en silences et hochements de têtes mais ça me suffisait. L’essentiel est de ne pas en souffrir, me répétais-je mentalement alors que nous nous levions pour renfiler nos manteaux. La conversation avait embrayé, sans grand enthousiasme, sur le mariage gay mais Sasha a agité les clés de sa voiture comme pour faire diversion et on est toustes sorti·es de la maison en file indienne pour monter dans la clio. Comme ça m’allait très bien d’être à l’arrière, je me suis assise à côté de Clothilde. Assise au milieu, elle s’était accoudée aux deux sièges avant, comme peuvent le faire les enfants. Alors que j’attachais ma ceinture, elle m’a regardé avant de s’écarter légèrement à l’opposé de moi, vers le siège gauche pour, une poignée de secondes plus tard, s’y installer tout à fait. Elle m’a jeté un second regard. « Au cas où », elle a dit dans un souffle.