Le travesti

La solitude s’accommode de ce qu’elle peut s’offrir, il s’introduit comme ça oui, avec emphase même quand il est ivre, Je ne comprends pas les pédés mais je les respecte, la seule différence c’est que le lendemain il ne s’en souvient pas alors il rengaine et moi J’ai sodomisé un travelo une fois mais c’est différent je finis de laver la vaisselle en hochant une tête qu’il ne voit pas, Mais enfin, les femmes… j’ai appris comment l’écouter, maintenant, selon le nombre de verres qu’il a bus, Les femmes… j’organise notre temps d’appel en fonction, il sait qu’à un certain seuil je raccroche Mais c’est vrai qu’il suçait bien, parfois je me demande si cet accord tacite l’aide à se maîtriser Et puis, il était déguisé – Habillé – je corrige machinalement, l’oreille distraite par le bruit de l’eau, Des pieds à la tête comme une femme, je pourrais lui faire un cours sur la notion de genre mais est-ce qu’il veut vraiment l’entendre, je resserre les poignets du robinet, je dis : jouis avec qui tu veux sa voix se fait pâteuse C’est que la solitude s’accommode, Anna… – je sais Fabrice, je sais – de ce qu’elle dit.