Le violoncelle

J’ai des notions de violoncelle

j’ai ta jambe aux jambes tenue

frottent mes doigts vibrants et frêles

comme un archet sur ta peau nue

la volute à mon oreille

a le galbe fin de ton pied

le lobe flatté par l’orteil

s’égaie de gammes inventées

ta cheville berçant ma joue

tressaille d’accords au toucher

en mélodie nul garde-fou

ne borne les traits des portées

près de ma clavicule amène

ton mollet tend sous mes baisers

un manche où les cordes de veines

sonnent plus doux que l’acier

elles prolongent assidûment

au genou de mon chevalet

cent vibrations à chaque élan

joueur par ma paume initié –

par-dessus la chair d’harmonie

en frissons leur son se répand

deux tatouages formés d’ouïe

complètent ce bel instrument

par métaphore ta cuisse ainsi

se fait cordier entre les miennes

j’ai des notions de lutherie

que j’oublie au niveau de l’aine

à ton pubis foisonne tendre

plutôt qu’une pique de peine

un bois d’ébène à métal fendre

mon sexe y moutonne sa laine

au rythme saccadé d’apprendre

nos hanches balancent en écho

tu me parles de trains à prendre

je dis Laisse le temps au temps, Peau.