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Les marges

  • Photo du rédacteur: Gabe
    Gabe
  • 27 févr. 2023
  • 2 min de lecture

Familles, si ce n’est pas nous qui le fera ?


Quand la ride du lion creuse son front

qu’il me dit l’air

désolé d’être lui

Je suis différent et Qui m’aimera ainsi

et que je ne trouve qu’à répondre

Viens chez moi, viens trouver des ami·es –

et Edith Piaf chantait Milord…


J’ai marché dans les rues

de mon quartier, les SDF me disaient Bonjour

et s’iels étaient un peu plus en confiance, Tu n’aurais pas

une bière à dépanner, un Doliprane

(elle était mère, le médicament était pour sa fille)

(il n’y a jamais que les mères pour y penser)

je lui en ai apporté des dizaines car je savais

qu’en d’autres hasards, aux mêmes lieux j’aurais pu être à sa place


et ma bonne étoile s’est mise à rigoler...

j’imagine que son avant-bras lui manque, pourtant elle sourit

de toutes ses dents protubérantes et blanches, ses tâches de rousseur

filant à tout-va sur son corps d’enfant

comme si la voie lactée avait laissé une trace

ailleurs que dans l’univers. En face mes yeux

mes cheveux couleur de terre

sont sans éclat, en la regardant courir

je reste immobile et fière

de tous ces gens que je ne suis pas


immobile et fière de cette force qu’elle ne dit pas

mais tout est à réapprendre à son arrivée là

lui qui rase si souvent les murs de nos escapades

à chaque pas il faut penser à ceux

en bottes, en chiens, en uniformes

des policier·es paré·es pour l’embuscade

il sait qu’il ne comprendrait pas un mot

de leurs sommations apprises par cœur

que dans une langue ou l’autre se battre ne se traduit

que dans l’art vain des supplications

au sein de frontières inventées, des rôles assignés de l’étranger·e ;

quant à moi j’esquisse une journée après l’autre

je compte celles où je ne suis ni lesbienne ni femme

ni psychiquement une alternative ;

où je m’endors dans une chambre de normes réinventées

à tes côtés, ma lesbienne

ma femme, ma psychiatrisée

la musique emplit l’air dans les salons des marges

les poètes·ses déclament par-dessus les discours,

viens dans mes bras


fais-nous danser...

©2020 Gwenaëlle Anna B.

©photo Olivia Bee

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