Vingt ans

Au vent s’est envolé le doute, les

chagrins d’amour, l’éternité

l’expectative le long des routes

accidentées de nos ratés

les raz de marées sur les rives

des peurs des manques inconsolés

à bon entendeur/qu’on se le dise

je n’ai plus vingt ans pour y penser

Au loin s’est éloignée l’image

d’épinal ou des années lycée

et les erreurs que j’ai commises

ont un parfum de pages tournées

où chaque malentendu se lit

avec l’indulgence de qui

en a vu d’autres toutes ces années

je n’ai plus vingt ans pour y penser

A la dérive ont dérivé

rêves, brasiers et révolutions

au coin de l’âtre calciné

qui sait ce que tu chantais donc

ces colères justes de nos étés

à fomenter un monde meilleur

à quoi bon quand on change d’heure

je n’ai plus vingt ans pour y penser

or le temps qui passe a passé

j’ai ouvert les armoires trié

rangé chaque souhait et son espoir

par ordre alphabétique d’idée –

pourtant pourtant comme étaient belles

ces caresses et nos corps collés

nos idéaux, leurs mèches rebelles...

je n’ai plus vingt ans pour y penser

quand les pentes sont arpentées

en long en large et en travers

je garde pourtant sous mes paupières

cette mémoire leste au feu jetée

où s’accrochent nos ongles cassés

par de tendres chimères et je reste

face au miroir à répéter

je n’ai plus vingt ans, pour y penser.